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Maroc : Politique Migratoire et Lutte Contre le Racisme – Défis et Solutions

Le mercredi 11 septembre, le Maroc a annoncé son engagement à mettre en œuvre une série de réformes visant à aligner sa politique migratoire sur les "normes internationales". Cette nouvelle orientation n'a cependant pas empêché les organisations de défense des droits des migrants subsahariens de manifester le samedi 14 septembre devant le parlement à Rabat, en protestation contre l'augmentation du racisme dont ils sont victimes au quotidien. TV5 MONDE

Nous sommes tous des êtres humains, nous sommes tous des migrants africains, tel était le mot d'ordre qui a rassemblé une cinquantaine de militants devant le parlement marocain. Parmi eux, Catherine Haoua, porte-parole du Conseil des migrants subsahariens au Maroc (CMSM), a évoqué le cas tragique de Toussaint-Alex Mianzoukouta, un Congolais décédé fin juillet après être tombé d'une fourgonnette de la police marocaine sur l'autoroute en direction d'Oujda lors d'une reconduite à la frontière. On ne lui avait même pas demandé ses papiers, s'indigne Catherine Haoua, "et c'est un policier qui l'a jeté par-dessus bord, en pleine circulation, c'était inacceptable !. Au début du mois d'août, un autre incident tragique a eu lieu avec la mort d'Ismalia Faye, un Sénégalais, poignardé par un militaire marocain après une altercation dans un bus à la gare routière de Rabat.

Ces événements tragiques ont-ils incité le royaume marocain à redéfinir sa politique migratoire ? Je pense que ce sont les efforts de la société civile qui ont porté leurs fruits, plus que les meurtres racistes de cet été, déclare Mehdi Alioua, président du Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (GADEM). De plus, Sa Majesté le Roi, en tant que chef de l'État, avait déjà émis des directives dans ce sens. C'est maintenant un défi pour le Maroc, et il incombe à la société civile, aux élus et aux autorités publiques de répondre aux attentes du chef de l'État.

Le mardi 10 septembre, le Roi a présidé une séance de travail exceptionnelle à Casablanca pour orienter le gouvernement dans l'élaboration et la mise en œuvre d'un plan d'action conforme aux recommandations du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). "Les Hautes Orientations royales représentent une vision nouvelle de la politique migratoire nationale, humaniste dans sa philosophie, globale dans son contenu, responsable dans sa démarche et pionnière au niveau régional, ont déclaré les ministères de l'Intérieur, des Affaires étrangères et de la Justice dans un communiqué.

Conformément aux recommandations du CNDH, le communiqué a annoncé l'instauration imminente d'un cadre procédural  pour des régularisations au cas par cas et selon des critères précis. En ce qui concerne l'asile, un processus de mise à niveau du cadre juridique et institutionnel sera lancé pour répondre aux  normes internationales". Enfin, concernant les refoulements de migrants en situation irrégulière, les ministères ont rejeté les accusations de violences systématiques et ont réaffirmé que des instructions avaient été données pour veiller à la protection des droits et de la dignité" des migrants clandestins.

Nous saluons ces décisions, déclare Catherine Haoua, j'espère sincèrement que les choses vont changer en notre faveur, et nous restons optimistes. Un sentiment partagé par Mehdi Alioua, qui souligne que le CNDH a réalisé un travail remarquable, et nous avançons dans la bonne direction pour renforcer notre État de droit au Maroc.

Le Maroc, désormais considéré comme un pays d'accueil

Comme l'ont souligné les autorités dans leur communiqué, le Maroc a évolué d'un statut de pays émetteur ou de transit à celui de pays d'accueil pour les immigrants. Mehdi Alioua, également enseignant-chercheur en sociologie à l'université de Rabat, constate cette transformation. Depuis les années 2000, il est évident que le Maroc devient un espace d'installation, non seulement pour les Africains subsahariens, mais aussi pour des migrants de diverses nationalités. Il précise que les migrants d'Afrique noire représentent une proportion relativement faible des migrants au Maroc, même parmi ceux en situation irrégulière, ils sont moins nombreux que les Espagnols ou les Français.

Cette observation vise à rétablir une réalité sociologique face à une couverture médiatique qui alimente un climat de racisme au Maroc. Par exemple, la récente couverture du journal "Maroc Hebdo", qui dépeint le Maroc comme pris au piège, a suscité de vives réactions. Ce n'est pas la première fois que l'hebdomadaire se retrouve au cœur d'une controverse, ayant déjà publié une couverture provocatrice intitulée Le péril noir.

Il est également crucial d'aborder la question des médias, plaide Samira Kinani, militante à l'Association marocaine des droits de l'homme. Ils ont une responsabilité dans le racisme que subissent quotidiennement les migrants subsahariens. Je ne pensais pas que nous étions racistes, mais je découvre que c'est le cas, déclare cette militante, qui a constaté que le racisme est devenu omniprésent dans les activités de l'AMDH. Auparavant, ce sujet n'était pas abordé, mais maintenant, il est partout, et même les Marocains noirs en souffrent.


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Conseil des Migrants Subsahariens au Maroc 28 mai 2025
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